Air Liquide fortifie son rôle de leader mondial de la purification du biogaz

Qu’il soit question d’automobiles ou de véhicules lourds, le domaine du transport est sans conteste responsable depuis de nombreuses années d’une proportion très importante des émissions de GES de par la prépondérance des carburants fossiles qu’il engendre. Il n’est donc pas étonnant qu’aujourd’hui de plus en plus d’énergies motrices alternatives soient mises en place, telles que l’électricité, l’hydrogène et le bio-GNV (gaz naturel de source renouvelable pour véhicule). C’est dans cet esprit que la compagnie française Air Liquide fortifie son rôle de leader mondial de la purification du biogaz avec un investissement de 12 millions € pour une douzaine de nouvelles unités de purification de biogaz en Europe.

Air Liquide en Europe et dans le monde

Fondée en 1902, Air Liquide est une multinationale qui se targue d’être le leader mondial des gaz, technologies et services pour l’industrie et la santé. Il n’est donc pas surprenant de constater que la compagnie soit présente dans plus de 80 pays et qu’elle ait généré en 2015 un chiffre d’affaires supérieur à 16 milliards €. Vers la fin de 2014, Air Liquide entame le rapatriement de l’ensemble de sa chaîne de valeur du biogaz en faisant l’acquisition de la compagnie suédoise FordonsGas. Cette transaction a permis à Air Liquide de mettre la main sur le réseau de FordonsGas, constitué de près d’une cinquantaine de stations de distribution de bio-GNV en Suède. Ne limitant pas son intégration verticale à la distribution de bio-GNV, Air Liquide a aussi élargi ses compétences à la purification du biogaz en biométhane, à la liquéfaction du biométhane ainsi qu’à son injection dans le réseau de gaz naturel.

L’investissement de 12 millions € au cours de la dernière année a permis à Air Liquide de procéder à la mise en place et au lancement de douze nouvelles unités de purification de biogaz situées dans plusieurs pays européens, soient la France, le Royaume-Uni, la Hongrie et le Danemark. Cette douzaine d’unités supplémentaires fait en sorte de tripler la capacité de purification de biogaz d’Air Liquide en Europe, en plus de porter à 50, au niveau mondial, le nombre total de telles installations à avoir été développées et mises en place pour lui conférer aujourd’hui une capacité mondiale de purification de 160,000 mètres cubes de biogaz par heure. Par conséquent, Air Liquide profite dorénavant d’une vaste expertise en biogaz et en biométhane qui repose sur sa maîtrise extensive de toute sa chaîne de valeur pour ce domaine d’activité stratégique.

Le GNV sous toutes ses formes

Le GNV (gaz naturel pour véhicule), équivalent fossile du bio-GNV, présente des avantages évidents comme carburant. Économiquement, le GNV permet de réduire les coûts en carburant jusqu’à 40% et on s’attend à ce que le prix demeure stable et concurrentiel pour plusieurs années encore. Pour ce qui est de l’environnement, le GNV émet jusqu’à 25% moins de GES et rejette des émissions presque nulles de particules fines. Il faut cependant mentionner que le bilan carbone du GNV ne peut pas faire compétition à celui du bio-GNV qui est nul, considérant qu’il est produit à partir de matières organiques résiduelles et donc de source renouvelable. Toutefois, le GNV demeure un carburant plus prometteur et plus durable que le diesel ou l’essence considérant ses bénéfices économiques et environnementaux.

Par contre, une particularité du gaz naturel est qu’il contient moins d’énergie que l’essence ou le diesel pour un même volume. Pour obtenir la même autonomie d’énergie que ces derniers, il faut donc le compresser ou le liquéfier afin d’augmenter sa densité énergétique. On obtient alors du GNC (gaz naturel compressé) ou du GNL (gaz naturel liquéfié), qui sont les deux types de GNV ou carburants à base de gaz naturel pouvant être utilisés par des véhicules. En comparaison au gaz naturel, sous leur forme définitive respective, le GNC est 300 fois plus dense alors que le GNL est 600 fois plus dense, soit deux fois plus dense que le GNC.

Ce qu’il faut retenir est que comme le GNL est deux fois plus dense, il est plus complexe et coûteux à produire, transporter et stocker comparativement au GNC. Mais aussi parce qu’il est deux fois plus dense, le GNL est par conséquent deux fois plus dense en énergie que le GNC, ce qui le rend particulièrement intéressant pour les poids lourds par exemple, qui doivent parcourir de longues distances. Ensuite, alors que le GNC peut être ravitaillé facilement grâce à et à partir d’un réseau gazier, le GNL nécessite l’intervention d’un camion-citerne après l’étape de liquéfaction, ce qui est aussi plus complexe et coûteux. C’est donc pour ces raisons que le GNC est un carburant destiné aux petits et moyens véhicules ainsi qu’aux camions lourds ayant une autonomie restreinte et devant être ravitaillés plus souvent, tels que des camions à ordures, alors que le GNL est utilisé pour de gros transporteurs qui parcourent de grandes distances tels que les camions lourds, les trains et les navires.

Ainsi, en vue d’améliorer significativement le bilan carbone de nos moyens de transport, le GNV est une avenue intéressante car il est plus abordable et moins polluant. Toutefois, le GNV ne s’inscrit pas dans une économie circulaire car il est aussi issu de source fossile. Voilà où le bio-GNV prend toute son importance, et c’est aussi pourquoi il importe que des compagnies d’avant-plan telles qu’Air Liquide procèdent à des investissements pour développer cette énergie motrice alternative. Enfin, l’incitatif ultime pour favoriser le déploiement du bio-GNV réside au niveau gouvernemental, alors que des investissements publics, des déductions fiscales adaptées ou encore des subventions pour développer et mettre en place des infrastructures telles que des unités de purification de biogaz et un réseau de stations de distribution de GNV/bio-GNV feraient en sorte d’accélérer grandement la transition vers une énergie motrice propre et durable s’inscrivant dans une économie circulaire.

Par Simon Lefebvre | 2016-04-20

Sources : Air Liquide – Bio-GNV (image-header), Air Liquide – Histoire, Air Liquide – Groupe, David Ducasse, Ing. – Groupe DATECH, Gaz Métro