Deux abattoirs du Costa Rica se lancent dans la biométhanisation

Par | 2016-03-31

Le Costa Rica est un pays à la flore luxuriante, de par sa situation géographique tropicale très avantageuse. Ses caractéristiques géographiques sont justement ce qui lui permet de pouvoir aspirer à parvenir à produire cent pour cent de son énergie électrique à partir de sources renouvelables d’ici 2021. D’ailleurs, en vue d’atteindre de cet objectif ambitieux, le pays s’est muni de plusieurs politiques avant-gardistes au niveau du développement durable et de la préservation environnementale. La stratégie porte fruit car plusieurs investissements sont réalisés, notamment celui représentant trois millions USD ayant mené à ce que deux abattoirs du Costa Rica se lancent dans la biométhanisation, plus précisément les abattoirs El Arreo et Del Valle à proximité de la capitale, San José.

L’industrie agro-alimentaire contribue en effet de façon considérable à l’émission de GES, que ce soit par le dioxyde de carbone (CO2) rejeté par la machinerie lors de la récolte, par le méthane (CH4) émis par le fumier des animaux d’élevage, ou par l’oxyde nitreux (N2O) relié à l’épandage d’engrais et de fumier. Au Canada par exemple, il est estimé qu’une proportion d’environ 10 pour cent des GES émane de cette industrie très large, alors qu’elle est chiffrée à 24 pour cent au niveau global, en référence à 2010. L’estimation canadienne n’inclut par contre pas l’utilisation de combustibles fossiles pour récolter, ainsi que les GES associés à la production de fertilisants industriels, ce qui explique l’écart avec la statistique globale. Il faut de plus mentionner que la coupe massive d’arbres pour l’agriculture qui nourrira le bétail émet énormément de CO2 tout en induisant une diminution du pouvoir d’assimilation du CO2 de l’environnement, ce qui ajoute à l’importance relative des émissions causées par cette industrie.

En ce sens, il s’ensuit que les installations de biométhanisation, dont l’investissement a été supporté conjointement par les deux abattoirs costariciens, présentent de nombreux avantages et bénéfices à commencer par la facture énergétique réduite de leurs établissements. Le biogaz produit par le digesteur d’une capacité de 8,000 mètres-cubes, qui traite les excréments, le sang et les restes des animaux abattus, permet la production de 70 à 80 pour cent de l’électricité nécessaire aux opérations des abattoirs, la proportion restante étant issue du gaz naturel. De plus, cette solution est plus écologique car elle réduit les émissions de GES, tout en atténuant les odeurs nauséabondes occasionnées par les activités des abattoirs qui sont situées à proximité d’une zone résidentielle.

Il ne s’agit d’ailleurs pas du seul projet du genre au Costa Rica. Effectivement, le programme biogaz supporté par l’Institut costaricien de l’électricité (ICE) a permis la mise en place d’infrastructures semblables pour l’industrie fruitière, qui génèrent actuellement 2,2 mégawatts d’énergie à l’échelle nationale. Ce chiffre augmentera d’ailleurs à 4 mégawatts d’énergie produite après le lancement imminent d’une station de biométhanisation qui traitera des boues d’épuration issues d’eaux usées, toujours avec le soutien de l’ICE.

On constate ainsi que le Costa Rica est dynamique et proactif dans l’atteinte des objectifs ciblés par ses politiques, surtout si on prend en compte l’impact environnemental aussi important de l’industrie agro-alimentaire alors que son ampleur ne diminuera pas considérant la croissance démographique mondiale actuelle. Il serait judicieux d’élargir ce rayonnement politique pour éventuellement obliger la valorisation des matières résiduelles organiques générées par cette industrie, entre autres grâce à la biométhanisation. Il serait de cette façon possible de maximiser l’exploitation du potentiel associé aux produits agro-alimentaires, qui ne s’arrête de toute évidence pas à la production de nourriture mais qui inclut aussi la production d’énergie. L’exploitation maximale de ce potentiel permettrait de réduire l’empreinte environnementale globale de cette industrie, qui ne disparaîtra pas bien qu’elle fasse l’objet de controverses au niveau de l’opinion publique.

Par Simon Lefebvre | 2016-03-31

Sources : AFP.com, LaPresse.ca, US-EPA, Agr.GouvCan.ca, Phys.org (image)